LABORATOIRE : ART ET ARCHÉOLOGIE : NEVER ENDING OBJECT
à la cité internationale des Arts de Paris, 18 quai de l'hôtel de ville, paris 3ème, dans l'atelier 8306
Un laboratoire de recherche se tiendra durant un an à la Cité internationale des arts de Paris. Son activité aura pour objet l'étude des points de rencontre entre l'art, l'histoire de l'art et l'archéologie. Les participants, sélectionnés pour leur appartenance aux catégories précitées, seront invités à mettre à jour les correspondances qui existent et relient leurs disciplines et le cas échéant à en inventer. L'accent sera porté sur le rôle attribué à la philosophie, en particulier dans ses contributions à l'établissement de la notion d'histoire et à sa participation aux méthodes d'investigation et de création. Des archéologues, des artistes et des historiens ouvriront un espace de réflexion et d'échanges empruntant à la science et à l'art leurs capacités à inventer, à interpréter, à anticiper. Nous créerons un lieu où coexisteront les différents temps liés à l'évolution de la culture matérielle et artistique. Dans un premier temps, l'objet y tiendra lieu de dénominateur commun. Il sera le coeur de nos interrogations et le socle des notions de subjectivité et de survivance d'une forme dans le temps.
Le premier geste artistique fut l'action de ramasser des pierres présentant des analogies avec des figures reconnaissables. Le postulat selon lequel les pierres figures suggèrent que la nature a besoin de se répliquer et de multiplier ses propres images pour pouvoir continuer à créer, nous conduira à interroger les pratiques artistiques sur ce point.
Il existe des figures communes à l'archéologie et à l'art. Nous observerons leurs oscillations à travers le temps, leurs allers et retours, leurs contenus ainsi que leurs implications dans l'histoire de la symbolique.
Nous-nous demanderons en outre si « l'emprunt » pour l'art et « la recherche » pour l'archéologie ne créent pas le symptôme du retour au même ; si l'existence d'un objet, d'une une figure, ne se déploie dans le temps, suivant une courbe sinusoïdale dont chacune des crêtes serait le lieu toujours nouveau de son origine ?
L'objet comme l'a dit A.Leroi-Gourhan a une double nature : il est transmissible et renaissant.
À quoi s'intéresse l'art et à quoi s'occupe l'archéologie ? L'archéologie est-elle rétrospective quand l'art serait prospectif ?
L'archéologue creuse la terre, il trouve du mobilier archéologique, preuve irrévocable que le temps laisse sa trace. Comment s'assurer que cette trace, dans sa catégorie, soit la première ? L'archéologie influe-t-elle sur l'histoire du progrès matériel et quelle représentation du temps cela implique-il ?
Est-ce que la notion de progrès est applicable en matière d'art ?
L'archéologie a mis en avant qu'il arriva que des populations abandonnent le métal au profit de l'os, laissent les couteaux de pierre, pour revenir au bois. Existe-t-il, en art, une période, une oeuvre qui mette en scène une telle mécanique paradoxale ?
Si l'histoire est discontinue, que l'art fait des va et vient dans ces auto-références et que l'archéologie invente du temps grâce à des fragments d'objets, est-il possible d'imaginer qu'une oeuvre d'art puisse être sujet à destruction ? Existe-t-il une oeuvre qui convoquerait le temps, cherchant le devenir ruine ?
L'imaginaire de la ruine traverse l'histoire de l'art par ce qu’elle est le décor propice à la réflexion, qu'elle invoque les passions en général, illustre la rencontre entre l'homme et les signes.
Peut-on dire que l'art est dans sa définition : médiateur d'un temps qui symbolise le passage entre la temporalité et le spacialité ?
De plus, le lieu, sa géographie temporelle, pose également la question de la découverte.
Quelle émotion pour quelle trouvaille ? Est-ce représentable ?
Ces pistes seront autant d'impulsions nous engageant dans l'expérience personnelle de chaque invité en même temps que les racines d'un graphique arborescent dont le dessein est de montrer où et quand l'art et l'archéologie se retrouvent, se ressemblent, s'assemblent.
Exposition N.E.O 1 : : le 14 janvier 2012 avec : Carine Bazin / Florian Bezu /Guillaume Constantin / Laure Vigna / Julie Genlin /Mathieu Carmona / Yann Desfougères
Alexandra Sà /Cecile Noguès / José Maria Gonzalez / Guilllaume AUbry / Cyril Gauthier / Muriel Patarroni
Marie-jeanne Hoffner / Frédéric Poincelet / Ann Guillaume
Le champ de dispersion (ou la pomme de terre en robe des champs)
« Le champ de dispersion (ou la pomme de terre en robe des champs) » est un projet qui s’amuse sur le langage et se délecte du jeu de l’apparence. A l’image de son titre, ping-‐pong à la fois visuel et lexical, l’exposition explore et expérimente les champs de dispersion d’un objet. Roland Barthes dans Communications (n°4), 1964, explique que le champ de dispersion d’un objet se situe dans sa différence marginale ou inessentielle, caractéristique qui compose ses diverses variétés. Dès lors, l’objet peut devenir matière de mutation de sens (dans son discours et dans sa forme), de transformation, de disparition, de travestissement, de perversion. Quelles peuvent être les limites de signifiance d’un objet ? « Le champ de dispersion (ou la pomme de terre en robe des champs) » propose un dialogue des œuvres entre forme et contenu, de glisser spontanément d’une intention à une autre, dans une expérience qui se voudra volontairement accumulative.
Une proposition de Fabienne Bideaud, commissaire d’exposition et historienne de l’art / avec : Cyril Aboucaya / Nicolas Aiello / Pauline Bastard / Julie Béna / Ann Guillaume / Tamara Henderson / Béat Lippert François Thibaut Pencenat Lidwine Prolonge / Lola Reboud
ANN Guillaume
www.annguillaume.fr annguillaume@hotmail.fr
21.12.11
10.11.11
Du 6 au 29 Février à Innsbruck : Die Beckerei / Igloo / Coud 9
http://www.celesteimberg.com/
"Le Choix de Paris" sur une invitation de Elsy lahner, Cité internationale des Arts de Paris. Dans les archives de "la Cité des Arts" Katheryn Metz est sur la liste des premiers résidents(elle arriva en octobre 65 et repartit en juin 66), elle ne figure que sur cette liste, aucune autres informations papiers et rien sur internet non plus. Des objets emballés sont exposés dans une vitrine empruntée de la Cités des Arts essayant de réactiver ses œuvres et d'invoquer cette artiste fossile.
http://www.celesteimberg.com/
"Le Choix de Paris" sur une invitation de Elsy lahner, Cité internationale des Arts de Paris. Dans les archives de "la Cité des Arts" Katheryn Metz est sur la liste des premiers résidents(elle arriva en octobre 65 et repartit en juin 66), elle ne figure que sur cette liste, aucune autres informations papiers et rien sur internet non plus. Des objets emballés sont exposés dans une vitrine empruntée de la Cités des Arts essayant de réactiver ses œuvres et d'invoquer cette artiste fossile.
Hors-Lieux est un projet spécialement réalisé pour La Borne, il implique l'espace d'exposition, le temps de l'exposition et des déplacements géographique. Ann Guillaume organise ses recherches autour de l’esthétique de l’archéologie. Comme matière première, l’archéologie l’aide à questionner la forme, les matériaux, le temps, l’histoire. C’est des trouvailles des archéologues, de leurs différentes interprétations, de leurs moyens techniques de recherches, de leur publications que son travail se nourrit. Retraçant l'histoire d'un voyage, Paris Athènes - Athènes Paris, Hors-lieux figure le moment de la trouvaille archéologique, la ruine comme agent destructeur/destructurant de l'espace, l'objet comme traversant les différentes temporalités convoquées. Un moule en plastique servant à réaliser soi-même des colonnes grecques est exposé comme témoin persistant du fantasme de la culture antique. Sa propriété première est utilisée comme preuve que la répétition de la forme dans le temps permet à l'objet sa survivance. Des répliques de moules à colonnes en argiles sont jonchées au sol car fragilisées par le temps et la matière. C'est par l'effet ricochet ou domino que cette pièce montre comment différentes strates culturelles, et différentes époques font sens avec le monde contemporain. Cette pièce interroge donc l’histoire des références, les reproductions d’événements et la ruine, comme objet témoin révélateur du temps. Manifestant la précarité temporelle, la ruine perpétue sa mémoire et offre la possibilité d’une reconstitution.
Ancestral Voices. Mètre Carré. Sur une invitation de Fabienne Bideaud et raphaëlle Mas, galerie de la jeune création.
Ann Guillaume, dans sa proposition pour Mètre carré, se pause en tant qu’archéologue est réfléchi sur l’espace d’exposition dans sa durée, sur l’objet, le tout dans son déplacement géographique. Est-ce que la demi-colonne qui se trouve dans l’espace de jeune création a été inspirée par les colonnes antiques ? Tel est le questionnement fantasque d’Ann Guillaume, qui s’interroge plus sérieusement sur le déplacement d’une histoire ou d’un objet localisé. Sa proposition retrace un voyage entre Athènes et Paris dans laquelle les pièces matérialisent le moment de la trouvaille archéologique, de la ruine comme indice du passé, et de l’objet comme élément transversal, invoquant les différentes temporalités convoquées. Antinoüs, amant de l’empereur Hadrien, 117-138 après JC, connu pour sa grande beauté, est la figure centrale de cette exposition. Sa statue de culte à été prise en photo par Léon Pressouyre lors de son extraction de terre pendant les fouilles de 1894 à Delphes. Photographie de la photographie se situant au musée de Delphes, les strates temporelles sont visibles au travers des reflets dorés mystérieux, qui s’additionnent, et qui dès lors nous séparent du moment où l'originale fut prise. Le fait de rejouer la scène met en place l'émotion qu'une telle découverte a pu procurer. Après un moment historique, Ann nous replonge dans la contemporanéité avec le moule bleu en plastique servant à réaliser soi-même des colonnes grecques, qui est aussi le témoin désuet de cette fascination pour les formes antiques persistantes et toujours référentielles. La vidéo Ancestral Voices interroge les ruines sur leur participation à notre contemporanéité. Des adolescents français sont filmés lors d’un voyage en Grèce sur les sites archéologiques antiques tels que Delphe, Olimpie, Mystra, etc. Dès lors, des scènes anachroniques se dégagent entre ces jeunes gens du 21e siècle et les ruines d’une ancienne civilisation, à l’origine de la notre. U-chronie aurait pu être un autre choix de titre pour cette vidéo puiqu’elle expose un concept et des outils provenant d’une époque qui ne pouvait les connaître. La vidéo, par un effet de ricochet ou de domino, superpose plusieurs strates culturelles et expérimente le va et vient existant entre l’histoire et l’époque contemporaine. Enfin, un projet continue conclue la proposition d’Ann Guillaume, puisqu’un objet, une étagère, traverse les quatre projets de Mètre carré. Elle conserve des objets des expositions précédentes, qui se retrouvent emballés, rangés, posant ainsi la question du statut de l’œuvre d’art après une exposition et dans l’attente de la suivante, de son stockage, et de l’histoire de cet entre-deux, ou l’œuvre est inerte et invisible.
Fabienne Bideaud
Ann Guillaume, dans sa proposition pour Mètre carré, se pause en tant qu’archéologue est réfléchi sur l’espace d’exposition dans sa durée, sur l’objet, le tout dans son déplacement géographique. Est-ce que la demi-colonne qui se trouve dans l’espace de jeune création a été inspirée par les colonnes antiques ? Tel est le questionnement fantasque d’Ann Guillaume, qui s’interroge plus sérieusement sur le déplacement d’une histoire ou d’un objet localisé. Sa proposition retrace un voyage entre Athènes et Paris dans laquelle les pièces matérialisent le moment de la trouvaille archéologique, de la ruine comme indice du passé, et de l’objet comme élément transversal, invoquant les différentes temporalités convoquées. Antinoüs, amant de l’empereur Hadrien, 117-138 après JC, connu pour sa grande beauté, est la figure centrale de cette exposition. Sa statue de culte à été prise en photo par Léon Pressouyre lors de son extraction de terre pendant les fouilles de 1894 à Delphes. Photographie de la photographie se situant au musée de Delphes, les strates temporelles sont visibles au travers des reflets dorés mystérieux, qui s’additionnent, et qui dès lors nous séparent du moment où l'originale fut prise. Le fait de rejouer la scène met en place l'émotion qu'une telle découverte a pu procurer. Après un moment historique, Ann nous replonge dans la contemporanéité avec le moule bleu en plastique servant à réaliser soi-même des colonnes grecques, qui est aussi le témoin désuet de cette fascination pour les formes antiques persistantes et toujours référentielles. La vidéo Ancestral Voices interroge les ruines sur leur participation à notre contemporanéité. Des adolescents français sont filmés lors d’un voyage en Grèce sur les sites archéologiques antiques tels que Delphe, Olimpie, Mystra, etc. Dès lors, des scènes anachroniques se dégagent entre ces jeunes gens du 21e siècle et les ruines d’une ancienne civilisation, à l’origine de la notre. U-chronie aurait pu être un autre choix de titre pour cette vidéo puiqu’elle expose un concept et des outils provenant d’une époque qui ne pouvait les connaître. La vidéo, par un effet de ricochet ou de domino, superpose plusieurs strates culturelles et expérimente le va et vient existant entre l’histoire et l’époque contemporaine. Enfin, un projet continue conclue la proposition d’Ann Guillaume, puisqu’un objet, une étagère, traverse les quatre projets de Mètre carré. Elle conserve des objets des expositions précédentes, qui se retrouvent emballés, rangés, posant ainsi la question du statut de l’œuvre d’art après une exposition et dans l’attente de la suivante, de son stockage, et de l’histoire de cet entre-deux, ou l’œuvre est inerte et invisible.
Fabienne Bideaud
15.9.11
4.7.11
Auguste Blanqui (1805-1881): «L’univers se répète sans fin et piaffe sur place. L’éternité joue imperturbablement dans l’infini les mêmes représentations ».
Je m’inspire d’objets archéologiques concrets ainsi que de sites de chantiers de fouilles, de mythes archéologiques, d’interprétations subjectives d’archéologues, de faussaires d’antiquités... Toutes les pièces que je réalise font partie d’un laboratoire de recherche sur l’art et l’archéologie appelé OG AB AS. J’ai la conviction que l’art, l’anthropologie et l’archéologie s’éclairent réciproquement. M’inspirer de la philosophie de l’archéologie me permet de m’interroger sur la circulation des formes dans l’histoire de la représentation. Ce sont les formes du passé, qui réactualisées, rendent possible le passage de la forme dans le temps. Chez Nietzsche c’est dans la notion de l’éternel retour que le monde persiste, que le temps est cyclique et où la ressemblance de phénomènes se reproduit à l’infini. La Ressemblance formelle participe du phénomène d’éternisation et permet la survivance de la forme. Aby Warburg chercha à déplacer dans le temps et dans l’espace des figures ayant des similarités formelles. Cette méthode de travail lui permit de tout prendre en compte dans un même mouvement sans hiérarchiser les formes.
Mes prochaines pièces exprimeront plastiquement le processus de répétition dont parle Louis Auguste Blanqui qui, après avoir admis que le temps et les événements se répètent, affirme que «l’heure de nos apparitions est fixée à jamais et nous ramène toujours les mêmes». L.A. Blanqui explique le retour des choses comme un probable problème mathématique. «Pour créer, la nature n’a que cent corps simples à sa disposition. Une fois toutes les combinaisons épuisées «quand il ne reste rien au fond du sac, elle ouvre la boîte aux répétitions (...)». il s’agira de créer une série d’objets et de dessins qui copieront l’objet, la nature. J’utiliserai le moule (en silicone et l’exposerai comme objet vecteur de création, l’alginate me servira pour les objets plein, tirage en plâtre) et l’empreinte afin de participer à l’idée que le recours aux répétitions est indispensable. Le modèle ici l’évolution d’une forme dans le temps questionnera également la pratique de l’art d’aujourd’hui. Quels sont les modèles de l’art contemporain? car si tout objet a un prototype, un modèle, si du tigre aux cités babyloniennes tout est inscrit dans les constellations céleste, ce moule que Platon appelait la Mimesis exprimant les différentes formes poétiques de la représentation sont infinies et nécessaires. Cette répétition cyclique m’amène à penser l’image, le rite, et le geste archaïque comme point de comparaison tangible avec ce qui survit aujourd’hui. En effet la notion de copie, comme participant du phénomène de répétition introduit la pratique de l’artiste faussaire comme capteur et acteur du retour des modes. L’art se nourrit-il du recommencement et pourquoi ? C’est en m’appuyant sur les relations sensibles entre les différentes trajectoires que prend la forme, les réseaux qu’elle crée, les points d’articulations entre les époques, les éventuelles ruptures, que mon travail questionne la reprise de la forme.
Recycler, s’approprier, reconstituer sont les moyens que j’utilise pour travailler. La reconstitution est généralement utilisée à des fins d’études scientifiques, historiques, anthropologiques, archéologiques. Je pense que cette méthode a pour conséquence de permettre la résurrection d’une pratique, d’un objet, d’invoquer un temps passé. Utiliser les formes du passé comme outils permet de s’interroger sur l’idée même de transmission, d’héritage. Redonner à une image son volume c’est se poser la question de l’original, faire revivre un geste fossile c’est rendre compte du réel de cet événement. Quand Penone avec Être fleuve sculpte à l’identique une pierre roulée dans les eaux depuis des milliers d’années, il interroge le temps, et le lien tangible qu’il existe entre la nature et l’art. Si le mythe de l’éternel retour me permets de croire à l’idée d’avancée esthétique, comment le progrès, synonyme de changement, cohabite-t-il avec la création cyclique que je cherche à créer , évoluant dans une continuité répétée ? En résumé je cherche à montrer par mon travail plastique que ce qui, à chaque époque, semble le plus moderne, est précisément ce qui est le plus archaïque. Quelle forme “descend” de quelle autre ? Quel modèle pour quel objet ? L’ hypothèse de la filiation servira à mettre en doute l’idée que l’artiste est maître de sa création (Otto Pächt) au profit de la pensée de Nelson Goodman selon laquelle « pour construire le monde comme nous savons le faire, on démarre toujours avec des mondes déjà à disposition ; faire, c’est refaire » .
Je m’inspire d’objets archéologiques concrets ainsi que de sites de chantiers de fouilles, de mythes archéologiques, d’interprétations subjectives d’archéologues, de faussaires d’antiquités... Toutes les pièces que je réalise font partie d’un laboratoire de recherche sur l’art et l’archéologie appelé OG AB AS. J’ai la conviction que l’art, l’anthropologie et l’archéologie s’éclairent réciproquement. M’inspirer de la philosophie de l’archéologie me permet de m’interroger sur la circulation des formes dans l’histoire de la représentation. Ce sont les formes du passé, qui réactualisées, rendent possible le passage de la forme dans le temps. Chez Nietzsche c’est dans la notion de l’éternel retour que le monde persiste, que le temps est cyclique et où la ressemblance de phénomènes se reproduit à l’infini. La Ressemblance formelle participe du phénomène d’éternisation et permet la survivance de la forme. Aby Warburg chercha à déplacer dans le temps et dans l’espace des figures ayant des similarités formelles. Cette méthode de travail lui permit de tout prendre en compte dans un même mouvement sans hiérarchiser les formes.
Mes prochaines pièces exprimeront plastiquement le processus de répétition dont parle Louis Auguste Blanqui qui, après avoir admis que le temps et les événements se répètent, affirme que «l’heure de nos apparitions est fixée à jamais et nous ramène toujours les mêmes». L.A. Blanqui explique le retour des choses comme un probable problème mathématique. «Pour créer, la nature n’a que cent corps simples à sa disposition. Une fois toutes les combinaisons épuisées «quand il ne reste rien au fond du sac, elle ouvre la boîte aux répétitions (...)». il s’agira de créer une série d’objets et de dessins qui copieront l’objet, la nature. J’utiliserai le moule (en silicone et l’exposerai comme objet vecteur de création, l’alginate me servira pour les objets plein, tirage en plâtre) et l’empreinte afin de participer à l’idée que le recours aux répétitions est indispensable. Le modèle ici l’évolution d’une forme dans le temps questionnera également la pratique de l’art d’aujourd’hui. Quels sont les modèles de l’art contemporain? car si tout objet a un prototype, un modèle, si du tigre aux cités babyloniennes tout est inscrit dans les constellations céleste, ce moule que Platon appelait la Mimesis exprimant les différentes formes poétiques de la représentation sont infinies et nécessaires. Cette répétition cyclique m’amène à penser l’image, le rite, et le geste archaïque comme point de comparaison tangible avec ce qui survit aujourd’hui. En effet la notion de copie, comme participant du phénomène de répétition introduit la pratique de l’artiste faussaire comme capteur et acteur du retour des modes. L’art se nourrit-il du recommencement et pourquoi ? C’est en m’appuyant sur les relations sensibles entre les différentes trajectoires que prend la forme, les réseaux qu’elle crée, les points d’articulations entre les époques, les éventuelles ruptures, que mon travail questionne la reprise de la forme.
Recycler, s’approprier, reconstituer sont les moyens que j’utilise pour travailler. La reconstitution est généralement utilisée à des fins d’études scientifiques, historiques, anthropologiques, archéologiques. Je pense que cette méthode a pour conséquence de permettre la résurrection d’une pratique, d’un objet, d’invoquer un temps passé. Utiliser les formes du passé comme outils permet de s’interroger sur l’idée même de transmission, d’héritage. Redonner à une image son volume c’est se poser la question de l’original, faire revivre un geste fossile c’est rendre compte du réel de cet événement. Quand Penone avec Être fleuve sculpte à l’identique une pierre roulée dans les eaux depuis des milliers d’années, il interroge le temps, et le lien tangible qu’il existe entre la nature et l’art. Si le mythe de l’éternel retour me permets de croire à l’idée d’avancée esthétique, comment le progrès, synonyme de changement, cohabite-t-il avec la création cyclique que je cherche à créer , évoluant dans une continuité répétée ? En résumé je cherche à montrer par mon travail plastique que ce qui, à chaque époque, semble le plus moderne, est précisément ce qui est le plus archaïque. Quelle forme “descend” de quelle autre ? Quel modèle pour quel objet ? L’ hypothèse de la filiation servira à mettre en doute l’idée que l’artiste est maître de sa création (Otto Pächt) au profit de la pensée de Nelson Goodman selon laquelle « pour construire le monde comme nous savons le faire, on démarre toujours avec des mondes déjà à disposition ; faire, c’est refaire » .
Argile, Plâtre, 110 x 15 cm et dimensions variables, 2011. « Toute fabrication est un dialogue entre le fabriquant et la matière » (A. Leroi-Gourhan, Le geste et la parole vol. 2, 1965
Scapulomancy, Omoplate divinatrice de Mammouth sans inscriptions, plâtre, 100 cm x 60 cm, 2011
Paysage Archéologique, Boîte en bois, terre et mesures, 100 cm X 90 cm, 2011. Réduction de chantier de fouille.
Jeux, Série de photographies modifiées, imprimée sur papier, 173 x 150 cm, 2011
23.5.11
Npole, Film Dv, en collaboration avec Alexandra Sà, 2011
Chantier de fouille (nécropole) en Lorraine, en vue circulaire et Décrochage (montage) doublant l'image, redessinant le paysage.
1.4.11
12.12.10
Les pièces de l'exposition AG OB AS sont inspirées d'objets archéologiques concrets ainsi que de sites de chantiers de fouilles, de mythes archéologiques. Elles font partie d'un laboratoire de recherche sur l'art et l'archéologie. L'archéologue remonte l'histoire à contre-sens. Il creuse la terre pour révéler l'invisible. Plus il creuse et plus les traces de l'occupation humaine sur le terrain sont anciennes. Dans une stratigraphie verticale, plusieurs périodes peuvent être représentées. La pièce Incendie illustre ce phénomène grâce a la couleur relative aux sédiments des couches terrestres (couche d'humus, terre noire, couche de démolition, couche d'incendie, et sol géologique). On peut dire que l'archéologue s'enfonce dans le temps par la verticale.
Aby Warburg proposa une autre représentation du temps. Il expérimentera l'histoire des civilisations "racontée à rebours". Cette méthode de travail lui permit de tout prendre en compte dans un même mouvement sans hiérarchiser la forme. Partant du postulat amené par Warburg : " l'Occident ignore ce qui ne peut être mesuré", Ann Guillaume présente une série de mires graduées, Mesures. Utilisées en archéologie, les mires graduées matérialisent l'échelle de l'objet photographié ou la profondeur de la fouille. Ces règles ne donnent pas la mesure en centimètres (les mesures sont fausses) mais assurent de l'existence de l'objet exposé qu'elle accompagne.
La réappropriation des techniques et des représentations archéologiques permet à Ann Guillaume, par la reconstitution, de casser la chronologie linéaire. Elle permet de faire revivre physiquement une pratique, un objet, d'invoquer un temps passé. Rails de chemin de fer en céramique est un vestige faussaire issu du chantier de fouille de Bassing en Lorraine. Ces vrais-faux créent un va et vient temporel entre un potier visionnaire du 2ème siècle et la réalité du site qui va bientôt être recouvert de rails de TGV. La vidéo AG OB AS participe de la même pratique : l'archéologie expérimentale, l'imitation ouvrant l'accès à une meilleure compréhension. Cette vidéo montre un archéologue occupé à tailler le silex, à confectionner des outils, suivant des méthodes répertoriées par déduction et analyse. Elle met en en scène cette fois un geste fossile dont les contours sont ensevelis sous la réalité contemporaine et l'avènement de la machine.
Dès l'époque de Cicéron, les collectionneurs romains, en quête de sculptures grecques, étaient victimes de faussaires. Le Moyen Âge est traversé par le problème des fausses reliques; à la Renaissance Michel Ange cache ses Cupidon dans la terre pour leur donner l'air d'être de véritables marbres gréco-romains. Aujourd'hui cette pratique reste courante. Elle permet aux musées d'exposer l'Histoire sans en altérer les vestiges authentiques. En exposant Fossile ? et le livre Glozel, Vallon des Morts et des Savants de Benjamin René, ouvert à la double page où le faussaire explique sa technique pour fabriquer des faux galets, Ann Guillaume rappelle que les œuvres répliques faites par les faussaires ne sont jamais dénuées d'originalité.
À travers ses "œuvres répliques" qui imitent l'archéologie, ses trouvailles, ses techniques, ses interprétations, Ann Guillaume dévoile la survivance d’une culture dans une autre et montre que "l'archaïque" est synonyme de "modernité".
Galerie octave Cowbell, Metz, 2011.
Aby Warburg proposa une autre représentation du temps. Il expérimentera l'histoire des civilisations "racontée à rebours". Cette méthode de travail lui permit de tout prendre en compte dans un même mouvement sans hiérarchiser la forme. Partant du postulat amené par Warburg : " l'Occident ignore ce qui ne peut être mesuré", Ann Guillaume présente une série de mires graduées, Mesures. Utilisées en archéologie, les mires graduées matérialisent l'échelle de l'objet photographié ou la profondeur de la fouille. Ces règles ne donnent pas la mesure en centimètres (les mesures sont fausses) mais assurent de l'existence de l'objet exposé qu'elle accompagne.
La réappropriation des techniques et des représentations archéologiques permet à Ann Guillaume, par la reconstitution, de casser la chronologie linéaire. Elle permet de faire revivre physiquement une pratique, un objet, d'invoquer un temps passé. Rails de chemin de fer en céramique est un vestige faussaire issu du chantier de fouille de Bassing en Lorraine. Ces vrais-faux créent un va et vient temporel entre un potier visionnaire du 2ème siècle et la réalité du site qui va bientôt être recouvert de rails de TGV. La vidéo AG OB AS participe de la même pratique : l'archéologie expérimentale, l'imitation ouvrant l'accès à une meilleure compréhension. Cette vidéo montre un archéologue occupé à tailler le silex, à confectionner des outils, suivant des méthodes répertoriées par déduction et analyse. Elle met en en scène cette fois un geste fossile dont les contours sont ensevelis sous la réalité contemporaine et l'avènement de la machine.
Dès l'époque de Cicéron, les collectionneurs romains, en quête de sculptures grecques, étaient victimes de faussaires. Le Moyen Âge est traversé par le problème des fausses reliques; à la Renaissance Michel Ange cache ses Cupidon dans la terre pour leur donner l'air d'être de véritables marbres gréco-romains. Aujourd'hui cette pratique reste courante. Elle permet aux musées d'exposer l'Histoire sans en altérer les vestiges authentiques. En exposant Fossile ? et le livre Glozel, Vallon des Morts et des Savants de Benjamin René, ouvert à la double page où le faussaire explique sa technique pour fabriquer des faux galets, Ann Guillaume rappelle que les œuvres répliques faites par les faussaires ne sont jamais dénuées d'originalité.
À travers ses "œuvres répliques" qui imitent l'archéologie, ses trouvailles, ses techniques, ses interprétations, Ann Guillaume dévoile la survivance d’une culture dans une autre et montre que "l'archaïque" est synonyme de "modernité".
Galerie octave Cowbell, Metz, 2011.
Incendie, Illustre le phénomène de stratigraphie. Les couleurs ici représentées sont relativent aux sédiments des couches terrestres (couche d'humus, terre noire, couche de démolition, couche d'incendie, et sol géologique, Châtel saint germain, 2011.
Cartel, Pierre de Jaumont gravé, 40 cm x 40 cm + Mesure, Fragment de marqueterie, 2010.
Combiné d'un cartel accompagnant deux corbeaux (Le corbeau est un élément saillant d'un mur, en architecture. Il permet de soutenir une poutre) et une inscription funéraire paléochrétienne datant du IVème sciècle.
Glozel, Vallon des Morts et des Savants de Benjamin René (Extrait)
-Bien Monsieur, dit le faussaire.
-Ces galets fabriqués...
-Oui Monsieur
-Pour les enterrés un peu profondément....
-Monsieur dit le faussaire on les enfonce...
-dans la couche archéologique? C'est cela même, dit le faussaire.
-Mais il faut traverser l'humus.
-L'humus dit le faussaire, oui Monsieur...
Moule (projet en cours, photographie par Codireup International),
Base carrée 48.9 x 48.9 cm, Hauteur 75 cm, diamètre 30 cm
Silex taillé. En forme d'avion de chasse (mirage 2000), ce silex est daté d'environ -15000 avant notre ère, 7 cm X 3 cm.
Installation aux Musées de la cour d'Or à Metz.) Crayon de papier sur papier (110 cm x 555 cm), Mesure Fragment de marqueterie et cartes postales (reproduction d'une photographie d'Aby Warburg au Nouveau Mexique) C'est par l'étude de l'image du serpent dans l'Antiquité, à la Renaissance et chez les peuples indiens, qu' Aby Warburg montre que pour chaque époque "la vérité magique peut l’emporter sur celle des faits". En écho au chancel de Saint-Pierre-aux-Nonnains et ses nombreux panneaux sculptés d'entrelacs de serpents, Ann Guillaume expose un artefact de serpent fossilisé, vestige emprunté au champ de la paléontologie et opérant une mutation vers le symbole.
Stratigraphie inversée, Site gallo-romain de Châtel Saint Germain, 2011
Hole and Blue, in collaboration with Marzia Rossi, Résidence Suddenly, 2011
Stratigraphie inversée, Site gallo-romain de Châtel Saint Germain, 2011
Hole and Blue, in collaboration with Marzia Rossi, Résidence Suddenly, 2011
26.10.10
Tombé de Mire, Quand tous les sites archéologiques seront fouillés.
Og Ab As signifie en langue préhistorique " j'aime tailler les outils" d'après le linguiste Marcel Locquin. Sur cette image on voit le cartel et la mire graduée (censée donner l'échelle de l'objet). Ici l'objet "langage" ne peut être mesuré.
Og Ab As signifie en langue préhistorique " j'aime tailler les outils" d'après le linguiste Marcel Locquin. Sur cette image on voit le cartel et la mire graduée (censée donner l'échelle de l'objet). Ici l'objet "langage" ne peut être mesuré.
8.10.10
Choeurs, Pots en terre cuite
Réplique Bis
(terre cuite imitant une réplique de sculpture Magdalénienne produite par le Louvre)
Stratigraphie Inversée
Vrais Faux (Pvc imprimé, collé sur contre plaqué) et Mobilier Archaïque (Contre plaqué imprimé motif bois). Something/Nothing/Anything, une exposition proposée par KussuK Yun, Paris, 2010.
Agrès, Marqueterie sur médium, 180 x 80 cm, 2010
Réplique Bis
(terre cuite imitant une réplique de sculpture Magdalénienne produite par le Louvre)
Stratigraphie Inversée
Vrais Faux (Pvc imprimé, collé sur contre plaqué) et Mobilier Archaïque (Contre plaqué imprimé motif bois). Something/Nothing/Anything, une exposition proposée par KussuK Yun, Paris, 2010.
Agrès, Marqueterie sur médium, 180 x 80 cm, 2010
4.10.10
Apeikeim, Bois de plaquage et crayon de papier sur papier, 2011.Caverne ouverte sur une vue de chantier de fouille. Sommes nous à l’intérieur de la grotte ou à l’exterieur de celle ci, de quelle époque s’agit-il, sommes nous en présence de la réalité ou de sa projection?
Vrai fausse montagne du Zoo de Vincenne, Dessin sur papier, 80 x 130 cm, 2011
2.8.10
L'archéologue est un détective qui épie la culture derrière l'objet. Quant à l'artiste, il crée l'objet par rapport à la culture.
L'archéologue remonte l'histoire à contre-sens. Il creuse la terre pour révéler l'invisible. Il s'enfonce dans le temps par la verticale. Plus il creuse et plus les traces de l'occupation humaine sur le terrain sont anciennes. Dans une stratigraphie verticale, plusieurs périodes peuvent être représentées. Mais ces périodes qu'illustrent les matériaux laissés par l'homme, peuvent parfois se chevaucher et se contredires. À la suite de glissements de couches géologique dues à l'érosion, par exemple, on a pu observer des vestiges datant de la préhistoire au-dessus de vestiges datant de l'époque gallo-romaine. On appel ce phénomène : "stratigraphie inversée". Cette "stratigraphie inversée montre une toute autre chronologie.
Aby Warburg parlait d'une histoire de l'art circulaire. Il pratiquait la comparaison d'objets et de représentations issus d'époques et de cultures différentes, et cherchait leur points communs. De ce type de confrontation résulte l'abolition de la temporalité classique. L'histoire des Arts paraît alors se développer dans une sphère, ou tout circule ensemble, et où le bon voisinage est possible à travers tous les âges.
Si l'archéologue, ainsi que l'artiste, accordent de l'attention au moindre détail, c'est qu' ils cherchent tous deux à trouver, à comparer, à révéler pour enfin donner à voir la mémoire interne que contient chaque objet. L'archéologie est une science ou la maîtrise de nombreuses spécialisations est nécessaire : anthropologie, ethnologie, botanique, épigraphie, géologie, zoologie, topographie... Dans tous ces métiers, la représentation physique est utilisée : photographie, dessins, cartographie, courbes temporelles...
Mon travail s'inspire des savoirs, des techniques et des trouvailles de l'archéologie. "Quales lapides/Quales structurae" " 0=-7" ou "Nouvelles Archéologies", sont des pièces qui montrent la temporalité à la verticale et qui s'amusent du geste de découvrir et de re-ensevelir. L'archéologue ouvre la terre et la referme. Une fois sortis de terre, les vestiges ne sont laissés à la surface que très peu de temps. Avec "Quales Lapides/Quales Structurae", il s'agit d'évoquer l'histoire d'un mur qui se trouve être une partie de la structure de l'amphithéâtre de Metz construit en 200 après J-C et aujourd'hui enseveli (il se trouve actuellement sous le centre Pompidou-Metz). Par trois fois ce mur fut déterré puis ré-enterré. Du caractère éphémère des fouilles et des courtes mises à jour archéologiques découle une sorte de clignotement des formes, des objets et des structures confrontés le temps d'une analyse au monde contemporain ; une autre expérience de la temporalité.
La réapropriation et la reconstitution permettent de casser la chronologie linéaire. Elle permet de faire revivre physiquement une pratique, un objet, d'invoquer un temps passé. Dans "Voyage vers les Survivances" il s'agit de retrouver la trace du passage d'Aby Warburg au Nouveau Mexique chez les indiens Hopis. Afin d'y observer le rituel du serpent, quatre villages furent visités par Warburg. En m'appuyant sur une photo le montrant accompagné d'un indien, tous deux adossés au mur d'une maison, j'ai moi-même entrepris de suivre l'itinéraire de Warburg. Je me suis lancée à la recherche des traces laissées par son passage, afin d'invoquer son fantôme. "Voyage vers les Survivances" est une série de vidéos montrant potentiellement le mur en question.
La cohabitation d'époques différentes sur un même site, le risque de stratigraphie inversée et la confrontation entre l'homme (l'archéologue) d'aujourd'hui penché sur le sol et l'objet même de sa quête, m'ont amené à créer "Fragments de rails en céramique 100 x 6 x 4".
Les notions de "ré-appropriaton" de "mimésis" ou encore de "réplique", qui constituent l'objet de mes récentes recherches, se trouvent encore une fois exprimées dans le culte du cargo. Dans les années 50, les américains ont construit des bases militaires en Nouvelle Guinée. Ces bases militaires étaient ravitaillées en matériel et en vivres par des avions. Après les avoir longuement observés, les indigènes, dans l'espoir de voir arriver jusqu'à eux ces cargos venues du ciel avec nourriture et biens, se sont mis à construire de faux téléphones, de faux avions, de fausses pistes d'atterrissage. Il s'agissait pour eux d'imiter les gestes et les outils d'une société bien différente de la leur, et technologiquement plus avancée.
D'autre part, l'archéologie expérimentale, en reproduisant (imitant la encore) les processus de fabrication d'outil ou encore d'habitat, vise à faire apparaître des perspectives d'approches nouvelles quant à l'étude de la place de l'homme dans les société, cette fois, reculées dans le temps.
"Fragments de rails en céramique 100 x 6 x 4" n'est ni la reproduction d'un objet ayant appartenu à une société reculée, ni l'imitation inopérante d'un matériel observé dans une société plus avancée, mais une production incluant ces deux opérations, les fondant l'une dans l'autre. En juxtaposant le mode d'investigation propre à l'archéologie expérimentale à la vision sphérique de l'histoire de l'art de Warburg, je veux créer les conditions nécessaires à l'exhumation de ces rails en céramique. Plus qu'un vrai-faux vestige découvert dans la profondeur du sol, il s'agirait de la découverte dans le champ même de ces techniques et visions d'un fragment en validant la pertinence.
Jouer l'illusion de la réalité ouvre sur un autre espace-temps.
L'archéologue remonte l'histoire à contre-sens. Il creuse la terre pour révéler l'invisible. Il s'enfonce dans le temps par la verticale. Plus il creuse et plus les traces de l'occupation humaine sur le terrain sont anciennes. Dans une stratigraphie verticale, plusieurs périodes peuvent être représentées. Mais ces périodes qu'illustrent les matériaux laissés par l'homme, peuvent parfois se chevaucher et se contredires. À la suite de glissements de couches géologique dues à l'érosion, par exemple, on a pu observer des vestiges datant de la préhistoire au-dessus de vestiges datant de l'époque gallo-romaine. On appel ce phénomène : "stratigraphie inversée". Cette "stratigraphie inversée montre une toute autre chronologie.
Aby Warburg parlait d'une histoire de l'art circulaire. Il pratiquait la comparaison d'objets et de représentations issus d'époques et de cultures différentes, et cherchait leur points communs. De ce type de confrontation résulte l'abolition de la temporalité classique. L'histoire des Arts paraît alors se développer dans une sphère, ou tout circule ensemble, et où le bon voisinage est possible à travers tous les âges.
Si l'archéologue, ainsi que l'artiste, accordent de l'attention au moindre détail, c'est qu' ils cherchent tous deux à trouver, à comparer, à révéler pour enfin donner à voir la mémoire interne que contient chaque objet. L'archéologie est une science ou la maîtrise de nombreuses spécialisations est nécessaire : anthropologie, ethnologie, botanique, épigraphie, géologie, zoologie, topographie... Dans tous ces métiers, la représentation physique est utilisée : photographie, dessins, cartographie, courbes temporelles...
Mon travail s'inspire des savoirs, des techniques et des trouvailles de l'archéologie. "Quales lapides/Quales structurae" " 0=-7" ou "Nouvelles Archéologies", sont des pièces qui montrent la temporalité à la verticale et qui s'amusent du geste de découvrir et de re-ensevelir. L'archéologue ouvre la terre et la referme. Une fois sortis de terre, les vestiges ne sont laissés à la surface que très peu de temps. Avec "Quales Lapides/Quales Structurae", il s'agit d'évoquer l'histoire d'un mur qui se trouve être une partie de la structure de l'amphithéâtre de Metz construit en 200 après J-C et aujourd'hui enseveli (il se trouve actuellement sous le centre Pompidou-Metz). Par trois fois ce mur fut déterré puis ré-enterré. Du caractère éphémère des fouilles et des courtes mises à jour archéologiques découle une sorte de clignotement des formes, des objets et des structures confrontés le temps d'une analyse au monde contemporain ; une autre expérience de la temporalité.
La réapropriation et la reconstitution permettent de casser la chronologie linéaire. Elle permet de faire revivre physiquement une pratique, un objet, d'invoquer un temps passé. Dans "Voyage vers les Survivances" il s'agit de retrouver la trace du passage d'Aby Warburg au Nouveau Mexique chez les indiens Hopis. Afin d'y observer le rituel du serpent, quatre villages furent visités par Warburg. En m'appuyant sur une photo le montrant accompagné d'un indien, tous deux adossés au mur d'une maison, j'ai moi-même entrepris de suivre l'itinéraire de Warburg. Je me suis lancée à la recherche des traces laissées par son passage, afin d'invoquer son fantôme. "Voyage vers les Survivances" est une série de vidéos montrant potentiellement le mur en question.
La cohabitation d'époques différentes sur un même site, le risque de stratigraphie inversée et la confrontation entre l'homme (l'archéologue) d'aujourd'hui penché sur le sol et l'objet même de sa quête, m'ont amené à créer "Fragments de rails en céramique 100 x 6 x 4".
Les notions de "ré-appropriaton" de "mimésis" ou encore de "réplique", qui constituent l'objet de mes récentes recherches, se trouvent encore une fois exprimées dans le culte du cargo. Dans les années 50, les américains ont construit des bases militaires en Nouvelle Guinée. Ces bases militaires étaient ravitaillées en matériel et en vivres par des avions. Après les avoir longuement observés, les indigènes, dans l'espoir de voir arriver jusqu'à eux ces cargos venues du ciel avec nourriture et biens, se sont mis à construire de faux téléphones, de faux avions, de fausses pistes d'atterrissage. Il s'agissait pour eux d'imiter les gestes et les outils d'une société bien différente de la leur, et technologiquement plus avancée.
D'autre part, l'archéologie expérimentale, en reproduisant (imitant la encore) les processus de fabrication d'outil ou encore d'habitat, vise à faire apparaître des perspectives d'approches nouvelles quant à l'étude de la place de l'homme dans les société, cette fois, reculées dans le temps.
"Fragments de rails en céramique 100 x 6 x 4" n'est ni la reproduction d'un objet ayant appartenu à une société reculée, ni l'imitation inopérante d'un matériel observé dans une société plus avancée, mais une production incluant ces deux opérations, les fondant l'une dans l'autre. En juxtaposant le mode d'investigation propre à l'archéologie expérimentale à la vision sphérique de l'histoire de l'art de Warburg, je veux créer les conditions nécessaires à l'exhumation de ces rails en céramique. Plus qu'un vrai-faux vestige découvert dans la profondeur du sol, il s'agirait de la découverte dans le champ même de ces techniques et visions d'un fragment en validant la pertinence.
Jouer l'illusion de la réalité ouvre sur un autre espace-temps.
Cut, vidéo montrant la taille d’un silex. Les gestes du tailleur sont au montage répétés, démultipliés. Le montage répétitif et saccadé imite la machine.
C’est donc grâce à la technologie que le silex est taillé.
(Merci à Thierry Klag)
C’est donc grâce à la technologie que le silex est taillé.
(Merci à Thierry Klag)
L’archéologie expérimentale à pour objet de comprendre les gestes des hommes en les imitant. Après avoir taillé un silex et l’avoir reconstitué, archéologie expérimentale II reconstitue une deuxième fois les morceaux mais cette fois en bois de plaquage.
Vitrine 2 salle 5 du département des Antiquités égyptiennes du Louvre, Marqueterie sur papier, 50 x 90, 2011
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