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28.7.10

"Fragments de Rails en Céramique, 100 cm x 6 cm x 4cm"










Voyage vers les Survivances


Aby Warburg, en étudiant le changement des modes de représentations, a élaboré une histoire des arts basée sur la correspondance et la mise en relation des formes. À la fin du 19 ème siècle, ses travaux l’ont conduit jusqu’au Nouveau Mexique.Le projet Voyage vers les Survivances est une recherche conduite sur le mode archéologique
du passage de Warburg au Nouveau Mexique en 1895. Warburg pensait que les œuvres d’art et les objets de provenances et d’époques différentes laissaient supposer
entre eux une histoire. Surnommé la survivance, ce concept est par définition ce qui subsiste d’un état ancien, d’une chose disparue. La notion de survivance chez Warburg se manifeste par l’existence d’un espace où les différentes temporalité peuvent circuler ensemble. L’archéologie, alors, est la science de la survivance. Parce que comme l’a dit Michel Foucault dans l’Archéologie du Savoir : “elle raconte l’histoire des à côté et des marges”, “elle est la discipline des commencements et des fins”. L’archéologie se situe dans l’intervalle cher à Warburg. Cet intervalle ou entre deux,
est ce qui relie deux époques différentes, deux espaces, deux croyances entre elles. Cette configuration d’espace créée par des choses hétérogènes et parfois ennemies s’agitant ensemble, est l’endroit où l’on peut surprendre cette survivance.
Le projet Voyage vers les survivances à pour but de montrer les signes du passage d’Aby Warburg au Nouveau Mexique ainsi que les traces de son absence dans un même mouvement. L’enregistrement du temps dans le projet vidéo Voyage vers les survivances cherche “à maintenir une analyse bipolaire de l’ancien et du nouveau” comme l’a dit Foucault à propos de l’archéologie. Warburg dans Le rituel du serpent parle de son voyage comme “l’histoire de la civilisation à rebours”. Voyage vers les Survivances invoque des temps différents : celui où Aby warburg a visité les villages hopis, ce-
lui où les films ont été tournés (2010), mais aussi la temporalité étrange que Warburg lui même à créée en allant visiter ces peuple anciens aux rites magiques. Partagé entre raison et délire à l’heure des grandes révolutions industrielles, il se pensait l’intermédiaire entre les choses donc l’intervalle alors qu’il est aussi acteur de survivance. Les vidéos de Voyage vers les survivances invoquent la présence, cherchent les traces d’Aby Warburg dans ces villages où le temps s’est arrêté depuis dix siècles.

«Quales Lapides / Quales Structurae»

Ipression sur PVC 2mm, 2 m 9 7 cm x 2 m 33 cm, 2009 / exposition Galerie Lafayette à Metz
En collaboration avec Leylagoor / partenariat avec la société Optimark

Installation qui rend hommage à l’Amphithéâtre de Metz. Construit au I er siècle, il sera en partie démantelé au fil du temps avant de se retrouver enseveli. Il faut attendre le début du XXème siècle pour voir s’engager une première série de fouilles archéologiques. Enfin, entre 2006 et 2008, les fouilles (menées par l’INRAP) reprennent. Elles donneront jour à une riche documentation. C’est en particulier sur l’étude de cette documentation que repose le travail d’ANN Guillaume qui s’interroge sur notre rapport à l’architecture mis en perspective avec l’activité des
hommes à travers le temps. «Quales Lapides / Quales Structurae» met en scène le déplacement d’un fragment d’architecture construite il y a 19 siècles qui se trouve être un Amphitéâtre dédié aux batailles rangées entre hommes, aux combats d’animaux, vers le coeur d’un bâtiment contemporain, celui qui abrite Les Galeries Lafayette de Metz, situé au centre-ville. «Quales Lapides / Quales Structurae» par ce jeu de contrastes, tente de faire prendre conscience à l’observateur d’appartenir à une époque, son époque, marquée entre autre par les diverses activités auxquelles
se livrent les foules. Une représentation en deux dimensions d’un segment du mur de l’Amphitéâtre est disposée au sol des galeries Lafayette. Le spectateur la surplombe et peut observer le vestige comme il se présente dans son environnement réel, cette fois au grand jour et non enseveli sous ce qui est aujourd’hui le parking du Centre Georges Pompidou-Metz. Un raccourci à été créé. Le raccourci est un procédé désignant un effet visuel qui tend à exagérer la perspective par sa réduction même. Cette figuration spatiale est organisée autour d’un point de fuite unique. Questionner les règles de la représentation inventées par la science de la vision, et chercher le passage entre l’état physique de la 2 dimension et de la 3 dimension permet à ANN Guillaume de relier de manière illusionniste l’espace représenté (espace absent), l’espace réel et celui du spectateur.

Hwo Knows When



Who knows when?
par Jill Gasparina

« Comment passer de la 2D à la 3D ? » se demandent inlassablement Ann Guillaume et Leylagoor depuis le début de leur collaboration en 2006. Elles ont depuis expérimenté dans leur travail diverses sortes de passages du dessin au volume. Mais c’est peut-être la première fois, dans Who Knows When, qu’elles s’attaquent aussi directement à la question de la sculpture. Elles s’y demandent aussi comment transformer une pelle en machine à remonter le temps. Comment déguiser du contreplaqué en marbre. A quoi ressemble une géode poilue. Comment rendre hommage à leur ville natale et aux joyaux architecturaux de la Rome Antique en une seule et même pièce . Comment s’amuser entourée de scies, de presses, et de grandes plaques de tôles dans une usine? Que fait cette peau de lapin sur cette planche à couper le fromage ? Qui sont les plus drôles et cinglés : les archéologues ou les rockers ? Et pourquoi cette
grande tache verte en plein milieu du champ ??? Il y a dans l’exposition des conflits permanents entre les images, les textures et la matérialité. Le contreplaqué est
imprimé, travesti. La tôle est laquée. Le faux bois (agglo/contreplaqué) se déguise en vrai bois ou en faux marbre (Vrais/Faux). Les dessins en poil et les poils en imprimé. Les sculptures de l’exposition ne sont ni des objets réels, ni des objets fonctionnels, ni même des représentations et elles attirent le regard sur leur nature d’illusion. Les dessins représentent des scènes de sculpture dont on ignore si elles ont existé, ou si elles peuvent exister. Quelque chose n’est pas résolu. Les sculptures sont d’ailleurs bien mystérieusement plates, elles ne s’émancipent que lentement et à moitié de la bi-dimensionnalité. Agrès, par exemple, est constitué de deux plans de bois articulés qu’il est toujours possible de remettre à plat. Et ses deux plans sont recouverts de marqueterie, absolument plate là aussi. Protogéode,
19 triangles isocèles reliés par des fils de cuir (19 est le plus petit nombre de triangles nécessaire pour pouvoir former une géode, explique Ann Guillaume), Protogéode, donc, est à plat, encore à plat. Tous les planks de l’exposition
semblent d’ailleurs s’arrondir sous leur propre poids, ils plient, ils tendent à l’horizontalité. Et sont si minces qu’ils n’ont presque qu’une visibilité graphique. Les deux artistes sont donc toujours et encore hantées par l’imaginaire du
dessin, ses jeux de surface et de textures, avec le brillant du plastic blanc (Figures impossibles), la surface opaque du papier poster (Vue) et du carton, le grain du papier à dessin, le calque transparent, la tôle laquée. Who knows when ?
est un échantillonnage des possibilités matérielles du dessin. Les deux artistes se sont toujours intéressées aux conventions utilisées pour peindre la forme et l’espace dans la peinture illusionniste, et notamment à la forme-perspective. La série des Figures impossibles, des collages numériques, garde la trace de cette obsession. Mais le motif central de l’exposition d’Ann Guillaume et Leylagoor est l’archéologie. Quales Lapides, Quales structurae, est la représentation en deux dimensions d’un segment du mur de l’Amphithéâtre de Metz, simplement posée par terre, dans le sous-sol de la galerie. A l’étage supérieur, 7 mètres est une véritable mire graduée utilisée par les topographes et les archéologues : lorsqu’on est archéologue, plus on creuse le sol, plus on s’enfonce dans le temps. L’Antiquité est à -60 cm. La préhistoire à -7 m. Quant à Radiographie 1/Pelle, c’est la représentation d’un autre outil de
l’archéologie, celui qui permet de creuser le sol et de mettre au jour des vestiges. Il y a aussi Vue, une grande image d’un champ en plan très rapproché. On remarque une tache d’une couleur différente au milieu de la verdure. Il s’agit de la trace d’un petit site archéologique, qui a modifié localement la composition de la terre, et partant la couleur des plantes. Dans Who knows when ?, l’archéologie est l’allégorie nostalgique, parfois privée, d’une remontée dans le temps.
Dans la ville de Metz, sous le parking du Centre Pompidou qui ouvrira bientôt ses portes derrière la grande gare construite au sud de la ville, se situent aujourd’hui les ruines d’un des plus vastes amphithéâtres jamais construits par les romains en Europe. Son existence est connue depuis toujours par les habitants, même si elle fut souvent mise en doute. Longtemps, ses ruines ont affleuré, à l’entrée du quartier du Sablon. « On a vu près de la Seille des vestiges de l’Amphithéâtre jusqu’en 1562, temps auquel on les employa à la construction de la Citadelle. Dans les temps de sécheresse, on voit encore une petite partie de ses fondations dans
l’avant-fossé de la redoute de la Porte Saint Thiébault » écrit un bénédictin Messin, en 1769. Ses fondations sont pour la première fois révélées lors de la construction de la gare, en 1902-1903, une époque où la ville est allemande. Le chantier a été ensuite ouvert plusieurs fois, puis refermé jusqu’aux fouilles de 2006-2007. Il semble que le projet de mise au jour de l’Amphithéâtre soit pour le moment abandonné. Ses vestiges sont restés ensevelis depuis 19 siècles sous terre.

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